La maison et la douiria - son appartement de réception - sont au cœur du quartier saadien construit au 16 et 17ème siècle. Nous sommes dans la proximité immédiate de la mosquée de Mouassine.
Nous avons fait l’achat de la douiria, habitée par un menuisier et sa famille, en 2012. Une restauration lente et patiente, de 2012 à 2014, a alors commencé. Cette restauration est une initiative privée. Pour la restauration, nous avons retenu trois principes :
- Des techniques traditionnelles
- Un savoir faire ancien
- Des matériaux traditionnels
Lors de notre première visite, en 2011, nous avons vu que tous les éléments en bois, portes et plafonds, étaient intacts. En revanche, les murs, recouverts de rajouts de plâtre blanc et de peinture, ne montraient pas le magnifique décor de plâtre coloré. Après plusieurs tests, nous avons décidé d’enlever la totalité des rajouts de plâtre, et, patiemment, dégagé les motifs. Dans les reliefs, en utilisant des brosses souples, nous avons trouvé les pigments intacts. Peu à peu, la maison se donnait, elle enseignait. Une véritable symphonie de couleurs est apparue. Sauf en de rares exceptions, aucun pigment ne fut rajouté. Les accidents de structure, par exemple le gonflement du plâtre sur un panneau, dû à l’humidité, a été contrôlé en rétablissant les conduits ’évacuation et d’aération.
Le chantier de restauration des plâtres a été réalisé par des jeunes potiers de la vallée de l’Ourika, le plâtre lui-même produit à partir de gypse de l’Ourika, sa teinte rose venant de la présence d’argile.
Les poutres de la charpente supérieure étaient intactes. Il a fallu en revanche changer avec grandes précautions les poutres des murs porteurs de la douiria. Un petit film documente les travaux.
Une partie de la maison principale a été achetée, grâce à la contribution de quelques amis, en 2014. Les proportions et le décor, moins préservés que dans la douria, ont été rétablis selon les mêmes principes. Le visiteur peut voir ainsi un témoin rare d’habitation privée de la période saadienne.
Les carnets de voyage peints et annotés par Eugène Delacroix lors de son voyage au Maroc en 1832, ont été un guide précieux pour la conduite de ce chantier. Xavier Salmon, conservateur général du patrimoine, a accompagné toutes les étapes du projet et rédigé un livre: « La belle oubliée de Marrakech », qui en décrit les étapes.
Patrick Manac’h, Hamid Mergani, 2015